Pour S.a.D

Sixtine,

Ma chère Sixtine,

Tu veux tout savoir de moi, de ma tête, de mon âme, et je pense que cela me prendra du temps et énormément de mot pour sortir tout ce dégoût de moi même, tout cette aigreur et toute cette haine qui m'habite.

Je ne me confie que peu, je garde le principal pour moi. Comment me ressent tu ? Un mec sûr de lui ? Un séducteur ? Je ne suis rien de tout ça. Trop sensible, trop meurtir, trop faible, un raté incapable de raisonner comme les mecs de sa génération. J'ai 17 ans, et la mentalité d'un mec de 25 piges. Je veux juste me poser avec ma copine, ne pas m'emmerder, rentrer dans cette norme, que, finalement, je déteste.

Quel intérêt de mourir vieux ? Je rêve de crever dans un braquage, dans un accident. Aujorud'hui,demain, bientôt ! Que mon corps, si je suis encore de ce monde, soit si meurtir que j'ai enfin une bonne raison d'être aigri; raison que je n'ai pas aujourd'hui. L'handicap m'attire, une béquille ou encore un fauteuil roulant, qu'enfin on me regarde, qu'enfin on arrête de m'ignorer, qu'enfin on arrête de me prendre pour une merde.

Ouais, j'en suis p't'être une, ouais, p't'être même une grosse, mais est ce que c'est une raison pour pratiquement me pisser desuus quand je vais voir la patrronne ? Quand je vois dans ces yeux à quel point j'la déçois, ouais, ça me rend cher mal. ça me retourne complètement. Une clope par heure tellement je sous pression. Mal au dos, tellement je stresse, mais des maux de dos qui m'empêche parfois pratiquement de respirer. J'la sens toujours, cette douleur, au fond de moi, vicieuse. Elle est toujours présente à mes côtés, comme une ombre dont on ne voudrait pas.

Non mais t'y crois toi ? Comment peut on être aussi mal au boulot ? Comment peuton être aussi mal en société ? Je haïs notre société et notre pays. Je hais ses biens pensants qui songent que pour être bien, il faut avoir sa femme, ses gosses, son chien et son putain de pavillon de banlieue tout propret. Mais merde, j'emmerde la société ! Laissez nous respirer, laissez nous vivre ! Réfléchis-y. Ecole, études, boulot, retraite. Quand vis tu ? A la retraite ? Laisse moi rire, t'es cassé, t'es malade, tu ne fait plus rien à part critiquer et te lamenter sur ton âge.

J'suis, tu sais, plutôt mal vu par notre génération, par les gens de notre âge. Tout ça parce que je m'éloigne du moule. Tout ça parce que je ne pense pas comme eux. Que j'écoute la musique que je veux et que je pense comme il me plaît. J'encule la mode et ses conneries qui t'obligent à penser comme ceci et pas comme cela. Je pense ceci et cela si j'le veux, si j'le chante. Plus j'avance, et plus j'm'éloigne de la "jeunesse".

Ouais, mes potes ont de 11 à 70 piges. Et j'vous ememrde tous autant que vous êtes ! Toi Sxitine, dis moi, cher amour, tendre chérie, est ce que ça te dérange si moi, peut être le futur homme dans tes bras,décide de voir qui il veut ?  J'aime mes potes. Surtout les vieux. Eux me comprennent, eux me poussent à faire ce que je veux vraiment faire. J'ai un rêve, je le veux et j'y arriverais. Ma patronne pense que j'ai les dents longues ? Je l'emmerde. Mon magasin de joeuts je l'aurais, et je l'aurai comme je l'entends. Je l'aurai parce que je le veux de toutes mes forces, de toute mon âme. Quand on veut, on peut.

Petit garçon trop fragile, trop couvé par sa mère, par son père, par ses parents et sa famille en général. Bourrage de crâne. Toujours à dire que j'suis le meilleur, qu'il faut travailler à l'école pour réussir sa vie. Pendant 16 ans, j'ai encaissé. Puis j'ai craqué. Détesté au collège, j'ai haïs mes années lycées. Parmi tout ces bourgeois trop imbu d'eux même, trop bien pour les autres, j'ai pêté littéralement un câble. J'ai disjoncté. 6 mois à aller voir une psy'. Plus envie de rien sauf d'une chose, de crever. Si facile d'ouvrir la fenêtre pour grimper sur le toit. Crier au monde qu'on le déteste avant de sauter. Choquer tout le monde, et encore dans la mort, les emmerder.

Enfin, le sujet tant attendu, celui redouté par tous, celui de l'Amour. J'ai aimé une fois dans ma vie. Année de seconde, elle étais en Terminale. Elle m'a déchiré, et deux après, elle me manque encore.

Voilà, Sixtine, voilà, tu sais tout. Je ne me suis jamais autant ouvert pour quelqu'un. Mais pour toi je l'ai fait. Et pour toi uniquement. Je ne signerais pas, comme toi, par mes initiales, mais seulement par mon prénom.

Damien.